lundi 9 avril 2018

Roses ... Fornells ... Soller ...

J'avais choisi ce mouillage (cala Conca) parce qu'il était situé côté sud de Cadaques, me disant qu'ainsi je serais protégé du flux de sud prévu ces jours-ci. 
Le flux de sud était finalement orienté plutôt sud-est, exposant la cala au vent, et est venue s'y ajouter une forte houle d'est qui rendait le mouillage fort désagréable, et limite dangereux avec des vagues d'un mètre alors que j'étais mouillé dans trois mètres d'eau. Tout cela m'a décidé à changer de coin plus vite que prévu, c'est ainsi que j'ai quitté Cadaques mardi 3 avril au matin, avec difficulté car c'est loin d'être une sinécure que d'avoir à remonter un mouillage à la main dans les conditions que j'ai précisées plus haut.
Toutes les calanques au sud de Cadaques étant exposées elles aussi au sud est, j'ai fini par porter mon choix sur Santa Margarida, que je connaissais un peu pour m'y être arrêté deux mois plus tôt, et je suis allé me poser à la sauvage le long d'un quai, guidé à mon arrivée par Pierrot, un des squatteurs du coin, qui vit là sur son bateau-appartement depuis 17 ans, et ne se déplace jamais, quelle que soit l'heure, sans sa brique de vin de la même couleur que ses joues ...
Tiens, je suis déjà venu ici !

Squatt maritime à Sta Margarida

On est déjà le 3 avril, et Nadiège qui doit arriver dans une semaine à Palma de Majorque, et la météo qui ne laisse pas beaucoup de fenêtres en ce moment pour descendre vers le sud ! Il semble y avoir quand même une possibilité intéressante en partant le lendemain soir, avec le flux de sud est qui doit s'inverser pour laisser la place à du nord ouest, qui tournera vite au nord est puis à l'est. Ça vous parle peu-être pas beaucoup, cette succession de points cardinaux, alors pour être concret disons qu'il ne faudra pas trop traîner, et que je devrais partir avec des vents portants (dans le dos) qui s'orienteront progressivement sur le côté pour finir presque de face, car ma prochaine étape c'est Fornells, une anse très bien abritée sur la côte nord de l'île de Minorque. 
140M à parcourir, et je pars comme prévu en fin d'après-midi ... mais avec le vent dans le nez au lieu de l'avoir dans le dos ! Ça va durer jusque vers 21 heures, puis le vent tombe complètement, me forçant à mettre le moteur en route, car il faut absolument que je respecte mon timing si je ne veux pas me retrouver contre le vent pour mon arrivée sur Minorque.
Les îles Mèdes au couchant

Le moteur ronronne toute la nuit (je ne le pousse pas et ma vitesse au moteur est en général de 4 à 4,5 nds), ça n'est pas trop désagréable car la mer qui m'avait bien secoué en partant s'est maintenant calmée, et je passe cette nuit à dormir, pas plus de 15 à 20 minutes à la fois bien sûr, surtout qu'il y a pas mal de bateaux, de gros bateaux, qui croisent dans le même secteur que moi.
7h15 le lendemain matin, le vent se relève enfin pour souffler du nord-nord-ouest, gonflant les voiles d'Hiva Oa qui marche à 7-8 nds de moyenne. Comme prévu le vent tourne du côté est au cours de la journée et j'arrive à Fornells un peu avant la tombée du jour. Je pose la pioche, je me fais une tortilla vite fait (on est en Espagne ou pas ?) et au lit, car je suis fatigué et j'ai prévu de repartir dès le lendemain matin pour le port de Soller, le seul abri de toute la côte nord-ouest de Majorque.

J'ai 70M à faire pour rallier Soller et je quitte Fornells ce vendredi matin sous le soleil et un vent de sud est très modéré qui devrait monter pour atteindre 20nds (une bonne brise) dans le courant de la journée ... Heureusement que je ne suis pas superstitieux, car comme tout le monde le sait, on ne largue jamais les amarres un vendredi !
La navigation est vraiment tranquille jusqu'aux caps Nati et Bajoli, les deux caps marquant la pointe ouest de Minorque, même avec un bon vent je n'arriverai pas à Soller avant la nuit. Tant pis, même si je ne connais pas le lieu la baie de Soller ne présente pas de difficulté, et c'est un abri tous temps, je ne me fais pas de soucis.
Une fois dans le canal de Minorque, entre les deux îles, le vent monte franchement pour pousser Hiva Oa qui cavale à 8-10 nds, parfois un peu plus, un vrai régal !
C'est derrière le cap Formentor que les choses vont se gâter, démontrant une fois de plus qu'il ne faut pas se moquer des dictons marins ! C'est décidé, à partir de maintenant je ne sifflerai plus pour appeler le vent, le pâté de l'animal aux grandes oreilles sera interdit sur mon bateau, ainsi que les femmes et les curés ! Désolé Nadiège mais pour ton arrivée à Palma on va louer un airbnb ! Nan je déconne, quand même pas .... quoique !
La météo que j'ai bien sûr consultée avant de partir me laissait le choix, en arrivant sur Majorque, entre rester à quelques milles au large, avec un vent que je pourrais ressentir légèrement de face (légèrement hein), ou longer les falaises, tout près, avec des vents très faibles  mais très irréguliers en direction. Je choisis cette dernière option, me disant que s'il faut je m'aiderai un peu du moteur pour les derniers milles ... Ben ça s'est pas passé vraiment comme ça !
Car à peine passé le cap Formentor, la pointe nord de Majorque, le vent se met à varier, et à chaque fois en quelques secondes, de 0 nds à 35 nds. Je mets alors le moteur en route et je remarque que l'aiguille du voltmètre ne monte pas, merde, l'alternateur ne charge pas, encore un truc qu'il va falloir voir. Et puis quelques minutes plus tard le régime moteur se met à baisser, puis il cale complètement. Là ça commence à m'embêter un peu car je suis tout proche des falaises de Majorque, et il ne faudrait pas qu'un manque de vent associé à un mauvais courant pousse le bateau du mauvais côté. J'ai pas trop le temps d'y réfléchir :  d'un seul coup la mer se met à fumer, le vent siffle et mugit, s'engouffre sous le flotteur bâbord et soulève mon annexe qui s'envole et vient taper contre la bôme, y laissant au passage un joli petit trou. L'adrénaline monte vite dans ces cas-là, et je me bats pendant un moment pour tenter de remettre le zodiac à plat et l'assurer solidement afin qu'il ne s'envole pas à nouveau. Ce coup de vent ne dure pas longtemps, et je vois à l'état de la mer qu'il est très localisé (moins de 500m le large) mais je ne me souviens pas avoir déjà vu en mer un phénomène d'une telle violence, et j'estime la vitesse du vent à ce moment-là (ce n'est qu'une estimation car avec l'alternateur ne chargeant plus j'avais éteint mes instruments électroniques pour économiser l'électricité) à nettement plus de 50nds, peut-être 60 à 70, j'avais du mal à rester debout, et ne pouvais bouger l'annexe au plus fort du phénomène. 
Voilà ce que c'est que de partir un vendredi ! L'histoire se termine quand même bien, comme d'habitude, puisque je ne sais comment, un peu plus tard le moteur consent à démarrer à nouveau, et je finis par atteindre le port de Soller vers une heure du matin.
Au mouillage au port de Soller


Le tram qui joint le village au port

Pour finir sur une note joyeuse, et contrastant avec la violence des éléments lors de cette partie du voyage, j'ai trouvé sur ce coin de Majorque un petit morceau de paradis, des orangers et des citronniers à perte de vue, et des figuiers, et des palmiers, et des amandiers, le tout au milieu d'un paysage montagneux, avec une odeur permanente de fleur d'oranger !
Des orangers à perte de vue



Viendez les gens, viendez voir par vous-mêmes si vous le pouvez, le spectacle vaut vraiment la peine.
Pour finir, et sans rapport avec tout ce que je viens d'écrire, je me dois de féliciter ma fille Nina, coachée par sa sœur Cloé, qui vient, hier dimanche, de participer et de terminer brillamment sa première course très longue, puisqu'il s'agit du marathon de Paris, bravo les deux grandes, l'une ironwoman, l'autre marathonienne, c'est quet'chose non ?
Triathlète à gauche, marathonienne à droite

Bravo championne !

lundi 2 avril 2018

C'est reparti !

Il est 17h00, et j'ai pas bougé du bateau depuis que je suis rentré ce midi. Bon, déjà pour y revenir avec l'annexe ça a été bien sportif, avec une seule rame et le vent qui s'était levé dans la matinée. Il s'est largement renforcé en quelques heures, et le clapot qui l'accompagne fait danser la gigue à Hiva Oa. J'aime pas trop ça quand il y a beaucoup de vent au mouillage, toujours l'angoisse de chasser, ou qu'un maillon de la chaîne cède, de  plus je n'ai pas de guindeau, et je serais bien incapable de remonter le mouillage à la main par 25 nds de vent. Donc j'angoisse, et c'est parti pour durer encore quelques heures.
Ouf, ça commence à baisser !


Je suis à Cadaques depuis hier après midi, après avoir repassé le cap Creus dans le sens nord-sud, pratiquement deux mois jour pour jour après l'avoir doublé en ramenant le bateau à Sète. Deux mois au mouillage sur l'étang de Thau, sans avoir bougé ni même travaillé dessus, pour cause de mauvais temps. Après ces deux mois je mesure la chance dont j'ai bénéficié pendant le convoyage du bateau, jamais trop de vent, et des températures toujours clémentes ... Ça n'a pas été le cas depuis !
Mais j'ai fini par quitter Sète la semaine dernière, en même temps que les grands voiliers y arrivaient pour leur grande parade.

Une dizaine d'heures pour rejoindre Banyuls sur mer, sous le soleil, par un vent variant de 0 à 35 nds, toujours dans le nez, du sud-ouest au sud-est. J'ai mis à l'eau pour la première fois sur ce bateau une ligne de traîne, hélas aucun poisson suicidaire n'a croisé mon chemin ce jour-là.

Passage des ponts de Sète 

Le cap Béar 

Cette halte banyulencque a duré quatre jours, quatre jours passés à me balader, ramasser des asperges sauvages, et surtout à passer du temps à l'apéro avec les copains. Pour la bonne santé de mon foie il valait mieux que je ne m'y attarde pas trop.


Les asperges dans l'omelette ... 

Et dans leur milieu ! 

Banyuls--Cadaques c'est environ 15 M, à peu près 3 heures de navigation, et alléluia, j'avais pour une fois le vent avec moi, bien orienté et soufflant ni trop ni trop peu, pourvu que ça dure !

Au mouillage à Cadaques 




Le programme à venir c'est une descente vers les Baléares, avec une dead-line le 10 avril, jour où Nadiège m'y rejoint en avion pour dix jours, suivie ensuite par nos deux grandes Cloé et Nina, qui ont vu les Baléares la dernière fois il y a 22 ans, lors de notre départ pour les Caraībes.
J'ai prévu de quitter Cadaques pour Majorque après-demain, malgré une météo moyenne, comme c'est le cas depuis de nombreuses semaines !
À bientôt !

mercredi 31 janvier 2018

Roses - Sète : épilogue !

Pour achever mon périple il me reste à rallier Sète puisque je compte mettre Hiva Oa au mouillage sur l'étang de Thau afin de pouvoir régulièrement rentrer à Vienne en famille.
Roses-Sète c'est une petite nav' de 78 M, bien peu comparée aux 1600 M que j'ai déjà parcourus pour arriver à Roses depuis la Loire.
Cette impression de fin d'une aventure, les images des semaines passées, et le fait de quitter mon compagnon de route Fabien, avec lequel je viens de faire presque 1000 M, me plongent dans l'émotion et me font monter une boule dans la gorge alors que je quitte les canaux de Santa Margarita, ce lundi 29 janvier en tout début d'après-midi.
Qui est qui ?



Les prévisions météo donnent du tout petit temps, avec un vent portant, jusque vers 22 heures, heure à laquelle le vent devrait passer à l'ouest-nord-ouest, pour me mener jusqu'à Sète au près bon plein, à une vitesse oscillant entre 6 et 7 Nds.
J'ai employé le conditionnel, mode impératif quand on parle de météo, car n'en déplaise à mon ami jpla, la réalité n'est pas toujours conforme à ce que l'on attend ... et cela se vérifiera encore sur cette dernière nav'.
Départ au moteur, je sors de la baie de Roses et me dirige vers le cap Creus avec un vent très léger, de face, qui tourne au fur et à mesure que j'avance, modifiant ma direction pour aller de cap en cap. Je connais bien ce coin et ça me fait quelque chose quand je passe Cadaques et Port Lligat à la barre d'Hiva Oa. Cadaques, Port Lligat, nous y avons mouillé les premières fois avec Hiva Oa, le premier de la série, il y a maintenant 25 ans. Cadaques, nous nous y rendons régulièrement, Nadiège et moi, en moto ou en voiture, lorsque nous sommes dans notre maison de Banyuls sur mer.

Départ de la baie de Roses
Le cap de Norfeu

La baie de Cadaques


Puis je double le cap Creus, que nous avons également arpenté à pied maintes fois, il est temps d'enlever le pavillon de courtoisie espagnol qui flotte dans les barres de flèche d'Hiva Oa depuis Barbate. Le pavillon de courtoisie, c'est une manière, quand on est en bateau, d'honorer le pays dans lequel on se trouve en arborant son drapeau. C'est un usage marin, seulement un usage dans certains pays, mais absolument obligatoire dans d'autres. Pour ma part, obligatoire ou pas, je ne manque jamais d'envoyer le pavillon de courtoisie du pays dans lequel je me trouve, c'est pour moi une question de respect, comme de s'obliger à apprendre au moins quelques mots usuels de la langue : oui, non, bonjour, s'il vous plait, merci, une bière, une autre ...
Le cap Creus ...

... d'un peu plus près !

j'ai coupé le moteur après le passage du cap Creus, car le vent s'est établi, assez faible (moins de 10 nds), plein vent arrière (pas tout à fait conforme aux prévisions, et une allure pas idéale, surtout pour un multicoque), me permettant d'atteindre une vitesse de 5 à 6 nds sous spi asymétrique, Je conserve le spi, cette allure et la même vitesse, jusqu'à 21h, puis je remets le moteur en route car le vent tombe. Pas pour longtemps car il revient une bonne heure plus tard, conformément aux prévisions, pour souffler à 10-15 nds, enfin pas complètement conformément aux prévisions, car si l'heure et la vitesse sont bonnes, la direction l'est moins. En effet, au lieu de souffler de l'ouest-nord-ouest il souffle du nord-nord-ouest ! Ben quoi, y a qu'un seul mot de différence sur les trois me direz-vous ! Ben oui, vous répondrai-je, mais cette minuscule différence fait que le vent me vient en plein dans le nez, et que si je veux naviguer à la voile il va me falloir tirer des bords, c'est à dire zigzaguer ! Et si je zigzague je ne serai jamais à l'heure à Sète pour l'ouverture des ponts ... Alors je décide de laisser le moteur, avec la grand-voile, pour me taper une nuit à avancer face au vent, avec le bateau qui bute à chaque vague, une vraie punition. 
Le vent ne s'orientera correctement qu'une demi-heure avant mon arrivée à Sète, mais il est plus de cinq heures du matin, je suis fatigué et je laisse le moteur pousser le bateau jusqu'au quai d'Alger, où ma mère et mon beau-frère m'attendent (un peu avant 6 heures du matin !) pour me prendre les amarres.
La suite, c'est un café et des croissants bien au chaud, puis retour sur le bateau pour traverser Sète à l'ouverture des ponts, en deux temps, à 9h30 puis 10h30. Je ressors sur l'étang de Thau et je vais mouiller à Balaruc, où Hiva Oa restera seul jusqu'en début de semaine prochaine.
Au mouillage à Balaruc

Je pourrais écrire le mot fin, car c'est la fin de ce retour en Méditerranée, j'ai pas envie de le faire, c'est juste la fin du premier chapitre de l'histoire dont je n'ai pas encore trouvé le nom.
Stay tuned, comme disent les anglais, restez à l'écoute, si j'ai pas trop la flemme j'essaierai encore de vous raconter les futures histoires d'Hiva Oa, à commencer peut-être, dans une dizaine de jours, par un petit voyage ... sur la Costa Brava !!! Oui je sais j'en viens, mais cette fois je n'y retournerai pas seul !

dimanche 28 janvier 2018

Barbate - Gibraltar - Roses : Je suis dans la Med, vérification de la loi de Murphy !

Oui je sais, j'ai été bien silencieux depuis mon dernier article. Je pourrais tenter de dire que j'ai des excuses, que j'ai beaucoup navigué, que j'ai été bien fatigué par les milles  parcourus et qu'il me fallait d'abord un peu de repos avant de vous tenir au courant ; oui je pourrais dire tout cela ... hé bien je le dis, j'ai bien navigué, je suis arrivé ici à Roses fatigué et j'avais besoin de me retaper un peu avant de me mettre à la rédaction de ce nouvel article !
Passé ce préambule, ou cette mise au point, reprenons le cours de mon voyage chronologiquement ...

Samedi 20 janvier 2018, Barbate - Gibraltar, 38M
Nous quittons Barbate, Fabien et moi (Fabien à la barre d'Askatasuna), par un tout petit temps et un courant contraire qui nous font avancer à 3-4 Nds pendant une petite heure , puis le vent d'ouest se lève progressivement, le courant s'inverse (conformément à ce que nous attendions), et nous accélérons l'allure pour atteindre Tarifa et l'entrée du détroit de Gibraltar à une vitesse de 7 à 8 Nds.
Tarifa ... J'ai un petit pincement au cœur au passage de ce lieu puisque nous y sommes allés pour la première fois il y aura bientôt trente ans, lorsque nous étions mordus de planche à voile et que Tarifa était la Mecque des windsurfers. Et le détroit, hé bien c'est quand même la quatrième fois que je l'emprunte, la deuxième dans ce sens, mais la première sans Nadiège, et comme souvent quand je pense à elle, j'ai un vilain petit coup de blues qui a facilement tendance à troubler ma vue, à moins que ce ne soit l'accélération du vent à l'entrée du détroit, allez on va dire que c'est ça !
Un régal le passage du détroit aujourd'hui, le courant est avec nous, on a bien calculé avec Fabien, et le vent nous pousse allègrement, Hiva Oa cavale et dépasse les 10 nds largement, et m'emmène au mouillage de La Linea, la ville-frontière espagnole jouxtant Gibraltar, où je pose la pioche après être allé faire le plein de carburant, détaxé du côté anglais.
Une fois au mouillage, j'emmène Fabien découvrir Grand Casemate Square, une place typique de Gibraltar, où nous buvons une pinte de Guiness avant de retourner côté espagnol manger dans un restaurant non moins typique, le Hong Kong Wok, avec ses menus à volonté pour une poignée de figues, ou de litchis si vous préférez.

Tarifa, le point le plus au sud de l'Europe continentale



The Rock !

Ouais, bof !


Dimanche 21 à Jeudi 25 janvier, Gibraltar-Roses, 640M
Départ très matinal de La Linea puisqu'il nous faut tenir compte des marées afin d'avoir le courant avec nous pour entrer en Méditerranée dans de bonnes conditions.
Nous quittons donc La Linea à 6h00 du matin, il nous faut une heure pour sortir de la baie par un vent d'abord nul, puis qui se lève pour nous pousser vers le cap de Gata, à l'ouest d'Almeria en Espagne.
Là on peut dire qu'on s'est régalé, une moyenne proche de 9 Nds avec des pointes dépassant les 16 Nds, Hiva Oa volait sur les vagues, et moi ... ben je planais pas mal aussi, rêvant d'atteindre Carthagène, la destination qu'on s'était fixée, dans des temps records ! C'était sans compter sans les caprices d'Éole qui, tel un dieu capricieux, ne manqua pas de me  rappeler que c'était lui qui décidait, puisqu'il partit se balader ailleurs pour ne revenir, et encore, très poussivement, que dans les quelques heures précédant mon arrivée à Roses !
Roses ? Roses ? Mais t'avais pas dit que le but de l'étape c'était Carthagène ?
Ben oui, sauf que de Carthagène on s'était d'abord dit qu'on pouvait pousser jusqu'à Murcie, un peu plus au nord, et puis Fabien avait pris les dernières prévisions météo qui annonçaient un épisode de tramontane  qui pouvait durer pratiquement une semaine, du golfe du Lion à celui de Valence, et là on a décidé de remonter directement jusqu'à Roses, à quelques milles au sud de la frontière franco-espagnole, portant la longueur de l'étape de 165M à plus de 600M.
Et 600M avec pas ou peu de vent c'est long, trrrès long, surtout quand t'as des emmerdes de moteur ... Et c'est là que nous en venons au titre de cet article, bien abscons jusqu'à présent pour toi ô fidèle lecteur, mais qui va bientôt s'illuminer à la lueur des explications que je m'apprête à te donner !
Alors la loi de Murphy c'est quoi ? Ben c'est la loi de l'emmerdement maximum, à savoir que quand t'as une couille (désolé mais y a pas d'autre mot) qui te tombe sur le coin de la gueule, t'as plus qu'à prier pour qu'il n'y en ait pas une autre qui suit ... Et comme prier ça marche aussi bien que pisser dans un violon ...
Tout a commencé au nord de Murcie, pas un pet' de vent faut marcher au moteur, je m'en fous j'ai le plein de gazole, sauf que mon moteur fait des caprices, sans que je touche à la manette de gaz le régime varie de quelques tours, centaine, puis jusqu'à plus de 500 tours/mn, à presque caler, et là il faut que je coupe car j'ai peur d'abîmer les injecteurs s'ils se bouchent ou je sais pas quoi. Je dis "je sais pas quoi" parce que la mécanique et moi ça fait deux ... Mais bon, je me dis aussi que peut-être, avec un peu de chance, c'est seulement mon filtre à gazole qui est bouché, étonnant car je l'ai remplacé il y a à peine 100h, avant de partir de Paimboeuf. Quoiqu'il en soit, je décide de changer ce foutu filtre, hé oui j'en ai un d'avance et, hé oui encore, je sais comment ça se remplace ! Donc je change ledit filtre et miracle, le moteur repart, tournant comme une horloge ! Alors là, Éric il biche je vous le dis, il est tellement content qu'il fait une vidéo pour sa famille en expliquant comment qu'il est fier, et patati, et patata ... Et deux heures plus tard catastrophe, le moteur se met en alarme température, une épaisse fumée, accompagnée d'une forte odeur de brûlé, se dégage de la cale ! Je coupe tout, et remets les voiles pour naviguer à moins de 2Nds, évidemment y a pas de vent, en me disant que le moteur a sûrement pris une grosse claque, et que je peux  bien attendre le lendemain matin pour constater les dégâts.
Le lendemain matin, on est donc le jeudi 25 janvier, je décide de remplacer la turbine de la pompe d'eau de mer qui sert à refroidir le moteur. Cette turbine c'est un petit machin rond qui tourne, avec 6 pales comme une roue à aubes comme dans un moulin, sauf que la mienne, ben je fais bien de la remplacer parce qu'elle à perdu toutes ses pales. Là je commence à être un peu rassuré en me disant que même si le moteur a pris une baffe peut-être qu'il acceptera au moins de tourner quelques minutes pour prendre un mouillage. Ce qui finit de me rassurer quant à l'état du moteur, c'est quand je vois que le waterlock, une boîte plastique où se mélangent l'eau de mer et les gaz d'échappement, a fondu !
Bizarre de se rassurer en voyant une autre pièce cassée ? Non, pas tant que ça, car à ce moment, je comprends que l'odeur et la fumée que j'avais remarquées la veille ne venaient pas du moteur qui cassait, mais de cette boîte plastique facile à remplacer.
Ouf ! "Murphy t'es quand même un petit joueur !"
Hé les copains, ne jamais provoquer le destin croyez moi ! Car alors que je pensais mes ennuis derrière moi, moins d'une heure après avoir poussé ce soupir de soulagement je faisais tomber à l'eau ma seule manivelle de winch, et sans manivelle de winch (ceux qui savent pas ce que c'est je vous laisse faire bosser wikipedia) t'es quand même un peu dans la med !
Bon bref, après toutes ces aventures, et mésaventures, j'ai fini par arriver ici à Roses dans la nuit de jeudi à vendredi, après trois dernières heures au moteur, avec les gaz d'échappement et l'eau de la pompe qui se déversaient dans la cale, mais juste avant que la tram ne commence à se déchaîner ... Finalement j'ai eu un sacré bol vous trouvez pas ?

Lever ou coucher ?

Sous spi asymétrique


La  flèche rouge c'est où je suis amarré !
Dimanche matin calme à Sta Margarita

samedi 20 janvier 2018

Faro - Barbate : 24 heures bien ennuyeuses !

Bien content d'être enfin arrivé ici, presque à la porte de la Méditerranée, car cette nav' n'a pas été des plus agréables !
Ah on ne s'est pas fait bastonner c'est le moins qu'on puisse dire, Éole doit certainement prendre ses vacances en ce moment car on ne l'a pas beaucoup vu pendant ce trajet.
Parti à 16 heures du mouillage de Culatra, c'est d'abord 3 heures de moteur sans vent par une mer agitée qui me font regretter d'avoir quitté le mouillage si tôt dans l'après-midi. Puis un léger souffle d'air me permet de hisser les voiles pour avancer péniblement à 3 Nds, puis 5 à 6 Nds dans la soirée avant que le vent retombe, le bateau fait quasiment du surplace et je vais me coucher ...
Quand je dis que je vais me coucher, ça ne veut pas dire que je me tape une nuit complète non ! En général quand j'ai une nuit de navigation, je règle mon minuteur pour qu'il me réveille toutes les 20 minutes, c'est un laps de temps suffisant pour pouvoir fermer les yeux (et même s'endormir profondément quand on est fatigué), tout en restant en sécurité. cela implique de bien ouvrir l’œil toutes les 20 minutes quand je fais un tour d'horizon pour vérifier qu'il n'y a pas d'autre bateau dans le secteur. Et quand je vois une lumière j'évalue la direction du bateau et ne vais me recoucher que quand je suis certain que nous n'avons pas une trajectoire de collision.
Je vais continuer à marcher à la voile avec un vent faible, toute la nuit, jusqu'à environ 10 heures du matin. Là le vent est complètement de face, il souffle à moins de 5 Nds, j'ai pas envie de descendre vers l'Afrique donc je remets le moteur en route, et je ne l'éteindrai qu'une fois arrivé au mouillage, devant la plage de Barbate, que j'atteins vers 17 heures !
Bilan : 110M parcourus en 26 heures à la vitesse moyenne de 4,2 Nds, dont 16 heures à la voile et 10 heures au moteur.
Et c'est pas fini, je vais passer le détroit de Gibraltar aujourd'hui, et je risque de faire tourner encore le moteur jusqu'à Tarifa, à l'entrée du détroit, par manque de vent. À suivre !


Départ de Culatra


Un coucher de soleil c'est toujours magique !

Le cap Trafalgar, oui oui celui de l'amiral Nelson !

Hiva Oa et Askatasuna devant la plage de Barbate

Ici c'est le pays du jambon !



jeudi 18 janvier 2018

Des nouvelles ... brèves !

Je ne sais pas si c'est le contrecoup des fêtes de fin d'année, le démarrage de 2018 ou le climat portugais, mais je me tape une flemme terrible, et je me passerais bien d'écrire sur ce foutu blog !
Mais j'ai trop de respect pour toi, ô lecteur, et je me fais un devoir de te tenir au courant de mes périgrinations ! 😅
Arrivé dimanche midi à Lisbonne, j'ai regagné mon bord en bus, remis tout en ordre et fait quelques courses rapides lundi matin, puis j'ai quitté Sesimbra en fin de matinée, en compagnie d'un autre bateau, un catamaran FP, Mahé 36, que Fabien, son nouveau propriétaire, ramène à Roses (Catalogne) où il a une place de port. Fabien est dans la même optique que moi par rapport à ce voyage, il ne veut pas traîner, et naviguer à deux bateaux nous permettra, je pense, de nous stimuler l'un l'autre pour remonter plus rapidement.
Preuve en est, nous quittons donc Sesimbra lundi matin, moins de 24h après mon départ de Lyon.
Il nous faudra environ 24 heures de navigation, à 4.2 Nds de moyenne, par un tout petit temps (5 à 10 Nds de vent presque arrière), pour faire les 100 M qui séparent Sesimbra de la lagune d'Alvor, un petit paradis quelques milles après le cap Saint-Vincent. Une navigation facile, mais pas très intéressante, car le vent faible et pas très bien orienté faisait claquer les voiles, et en particulier le génois, souvent déventé par la grand-voile.
Une balade à terre en arrivant, et une pizza au restaurant le soir, il faudra revenir ici pour plus profiter de ce coin, en particulier de la lagune magnifique.



Pas de temps à perdre à jouer les touristes, après une nuit de repos, nous quittons Alvor mercredi 17 pour Culatra, un village de pêcheurs sur l'île de Farhol, dans la lagune de Faro, à 42M.
Bon vent cette fois, variant de 12 à un peu plus de 20 Nds, qui nous permettra de rallier Culatra à une moyenne d'environ 6 Nds, avec des pointes entre 9 et 10 Nds, sous un beau soleil et une température sur laquelle je ne m'étendrai pas, par respect pour vous qui devez vous les geler en France, sous la pluie pour les lyonnais et les méditerranéens !
Culatra c'est vraiment le bout du monde, on pense à l'Afrique quand on s'y balade, pas de route, pas de voitures, un village dont les maisons ont été construites pendant la dictature pour les premières, habité par des pêcheurs, et par quelques privilégiés qui y ont une résidence secondaire, et sur lequel les promoteurs lorgnent d'un œil avide !
On pourrait y pass du temps, à visiter, à pêcher des coquillages, à buller tout simplement, mais ce n'est pas notre but, et nous repartons dès aujourd'hui jeudi, malgré des vents un peu faibles et mal orientés ... La méditerranée nous tend les bras !

Pour Olivier : Un nid de Wharram !


Vestige du Flower Power ?

Plus que de passage ...

Un village sans voitures, les traces c'est un tracteur !


L'équipe de foot locale !